Paru le 4 Mars 2021
Pour raconter l’imaginaire celtique il fallait un barde, tant la musicalité et la poésie infusées dans ces contes et légendes s’entrelacent avec la sagesse. Ces Contes des sages celtes s’égrènent donc aux mélodies des harpes, elles diffusent des senteurs d’humus et vont sous le regard sacré des biches et des cerfs. On entre dans la forêt enchantée, dans l’océan de fougères de la déesse et l’antre du farouche protecteur du chaudron des rois. La poésie en est la porte. Au pays celte, elle fait loi. Car ici, la langue de bois retrouve sa force évocatrice et son sens originel. Elle bondit sur des tertres, jaillit aux fontaines enchantées, conte des aventures chevaleresques entre les mondes. Un univers de druides, de bardes et d’enchanteresses rassemblé pour une fête bucolique, servi par une iconographie soignée. Patrick Fischmann y conduit une épopée généreuse en conteur amoureux du monde.
Préambule du barde
Il m’aura fallu respirer les bavures des copistes et percer les mauvaises fables pour aller cueillir sur les frondaisons les anciennes légendes réveillées par le vent. Les moines, en bonnes lavandières, ont tordu le linge des légendes. Certains pour leur enlever toute leur eau, d’autres pour sauver comme ils pouvaient la blancheur des racontées. Mais pour finir l’oralité druidique et poétique se transforma. Des versions figèrent sur le parchemin, altérant la vitalité des mystères. La parole s’en trouva désacralisée. Aussi puisqu’aujourd’hui on a transcrit les contes de la tradition orale et qu’on dit des légendes imprimées, que ce soit avec une extrême prudence et une audacieuse indocilité : en demandant au grand livre de la nature de redistribuer le verbe vivant pour que le dit et l’écrit irriguent et rassemblent les deux jambes du même barde.
N’oubliez pas en tournant ces pages qu’elles s’égrènent aux mélodies des harpes, qu’elles abritent des senteurs d’humus et la sueur des chevaux, qu’elles vont sous le regard sacré des biches et des cerfs. Vous entrez dans la forêt enchantée et dans l’océan de fougères de la femme verte et du farouche protecteur du chaudron des rois. La poésie en est la porte. Au pays celte, elle fait loi. Car ici, la langue de bois retrouve sa force évocatrice et elle recouvre son sens originel. Elle sait qu’elle est la fille de l’ancien alphabet des arbres.
Je suis né des lèvres d’une fée
Mot parmi les lettres
Larme dans la mer